L’histoire politique du Sénégal est marquée par des alternances et une absence de régime militaire qui suffisent à ce que de nombreux observateurs en viennent à présenter ce pays comme un « bon élève » de la démocratie en Afrique. Cette image est tronquée car, depuis 1960, la vie politique sénégalaise est régulièrement marquée par des
L’histoire politique du Sénégal est marquée par des alternances et une absence de régime militaire qui suffisent à ce que de nombreux observateurs en viennent à présenter ce pays comme un « bon élève » de la démocratie en Afrique. Cette image est tronquée car, depuis 1960, la vie politique sénégalaise est régulièrement marquée par des tensions, des répressions et des violences systémiques caractéristiques d’une crise de longue durée. La dernière convulsion est celle qui met face à face un pouvoir hyper-présidentiel hérité du modèle colonial français qui oscille entre autoritarisme et déni de la réalité et une opposition acculée qui cherche à construire une alternative citoyenne et une nouvelle manière de faire de la politique.
Les deux mandats de Macky Sall ne sont malheureusement pas les premiers au Sénégal à connaître une succession de scandales économiques, d’affaires de corruption et de détournement de fonds. C’est parce que cette présidence doit justement être la dernière à souffrir de ces tares qu’une grande partie de la société sénégalaise fonde ses espoirs en la figure de son principal opposant Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor et leader du parti des Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF).
Ainsi, la Ligue Panafricaine – UMOJA déplore la crise née de l’invalidation par la Cour constitutionnelle de la liste nationale que la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi entendait présenter le 31 juillet 2022 au peuple chargé de renouveler les 165 sièges d’une assemblée dominée par la coalition Benno Bokk Yakaar. Une exclusion de l’opposition permettant au président Macky Sall de se préparer à briguer un troisième mandat en 2024 entérinerait la marche du Sénégal vers un scénario de crise électorale récurrent en Afrique. Des élections sans opposition, sans débat, ne sont pas crédibles. La sécurité et la liberté d’expression et de circulation des opposants et de tout citoyen doit être assurée. L’emprisonnement opportun d’un certain nombre d’opposants ne doit pas devenir un moyen pour tout pouvoir en place d’éviter le débat politique autour de son bilan et de ses projets.
Par conséquent, la Ligue Panafricaine – UMOJA dénonce les brimades, les filatures et les arrestations dont sont régulièrement victimes Ousmane Sonko Guy Marius Sagna, ainsi que des militants du FRAPP, de PASTEF et d’autres organisations tenant un positionnement patriotique, nationaliste ou panafricaniste. Ces pratiques de harcèlement montrent que le sens des priorités dans l’utilisation des moyens d’État n’est pas tourné vers la satisfaction des besoins du peuple. Le président Macky Sall semble pour sa part bien plus soucieux de son image auprès de la France et de la « communauté internationale » qu’auprès de son peuple dont une large partie de la jeunesse le désavoue. Cette indifférence est intenable dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de vingt ans. En effet, derrière les figures directement visées d’Ousmane Sonko ou Guy Marius Sagna, ce sont des millions de jeunes qui sont prêts à se mobiliser pour faire barrage et écrire l’histoire.
Dès à présent, la Ligue Panafricaine – UMOJA se tient aux côtés du peuple sénégalais dans sa quête d’un véritable patriotisme économique, politique et culturel à la mesure du patriotisme sportif affiché lors de la victoire des Lions de la Terranga en Coupe d’Afrique des Nations en février 2022. Ni les nouvelles infrastructures censées améliorer l’environnement des affaires, ni la découverte de gisements d’hydrocarbures ne garantissent le développement durable du Sénégal tant que les intérêts du peuple ne seront pas défendus en priorité. Doté d’un fort potentiel, le Sénégal doit faire le bon choix entre une vision népotiste et passéiste du pouvoir et une vision patriotique et décomplexée du développement. C’est de ce choix que dépendra la capacité du Sénégal à se placer en tête de la bataille de toute l’Afrique contre un système néolibéral hostile au bien-être des peuples.
Le combat contre la corruption économique va de pair avec la lutte contre l’instrumentalisation des institutions politiques et des textes qui fondent le contrat social entre gouvernants et gouvernés. Au Sénégal et partout sur le continent, la Ligue Panafricaine – UMOJA soutient tous les peuples qui s’engagent dans l’action démocratique de masse pour faire « basculer l’Afrique sur la pente de son destin fédéral », selon les mots de Cheikh Anta Diop. Notre appui va aux forces patriotiques, panafricanistes et progressistes qui défendent strictement les valeurs de souveraineté économique et de justice sociale, de travail et de solidarité, sans céder aux relents xénophobes et tribalistes. Nous saluons plus particulièrement les marcheurs qui ont effectué le trajet Dakar-Bamako (1.362 km) pour exprimer leur solidarité avec le peuple frère du Mali.
La Ligue Panafricaine – UMOJA soutient la nécessité de l’unité des forces panafricanistes du Sénégal pour que ce grand pays prenne toute la place qui lui revient dans l’émancipation de l’Afrique et la création d’un État fédéral africain. C’est à ce prix que nous éteindrons les politiques pyromanes qui incendient nos pays les uns après les autres !
Umoja ni Nguvu ! L’Union fait la Force !
27 juin 2022, le Bureau Politique Provisoire