Le fait ethnique, réalité née de la colonisation en consacrant la société lignagère, a été exploité à des fins de contrôle tant administratif que politique, religieux et même culturel, reproduisant un système pyramidal dans lequel la souveraineté appartenait à une seule tribu. La manipulation de l’ethnicité a produit le tribalisme. On parle de tribalisme
Le fait ethnique, réalité née de la colonisation en consacrant la société lignagère, a été exploité à des fins de contrôle tant administratif que politique, religieux et même culturel, reproduisant un système pyramidal dans lequel la souveraineté appartenait à une seule tribu. La manipulation de l’ethnicité a produit le tribalisme. On parle de tribalisme comme une maladie généalogique, une tare congénitale. Pourtant, dans sa période impériale,l’Afrique a produit des valeurs communautaires d’entraide, du sens du partage, de fraternalisme, de respect des anciens, etc.
Ces valeurs ethniques ont structuré la société africaine précoloniale. L’ethnicité est donc en soi, une forme de régulation sociale parmi tant d’autres, fondée sur les rapports de parenté produisant un système politique stable et équilibré où les structures lignagères jouaient pleinement leur rôle.L’ethnicité a même nourri chez les pères des indépendances, un romantisme politique. La vision idyllique de l’ordre politique précolonial, de J. Nyerere, nous montre une société tribale comme un tout harmonieux. Le monde traditionnel de l’ethnicité lui apparaissait comme l’expression d’un univers où morale et politique s’accordaient. L’intérêt public coïncidait alors avec le bonheur de chacun, l’intérêt personnel se confondait avec le bien collectif.
Ce type d’organisation était le symbole de la conciliation et de l’harmonie que l’on pouvait rapprocher de la société maâtique de Kemet antique.Il est donc difficile de comprendre que la décolonisation n’est pas mis fin au tribalisme, au contraire, elle s’est ravivée dès l’accès aux indépendances. Les politiques se sont servis de cette idéologie tribale pour construire des identités politiques, éduquant leurs militants et partisans dans la haine tribale. L’identité tribale est alors devenue un déterminant politique et, un programme électoral exprimant le désir de domination d’une communauté sur les autres.Il apparaît paradoxale que le fait ethnique, né de la colonisation ait perduré après les indépendances, au point de devenir un obstacle majeur dans la mise en œuvre d’une démocratie moderne.
La population a elle-même, après la classe dirigeante, pris acte que le paramètre ethnique est devenu l’élément déterminant et structurant de la vie politique au point qu’une victoire électorale n’est jamais ici, le succès d’un courant d’idées politiques mais, celle d’une tribu sur une autre.Cette assimilation de la réalité tribale par le plus large public suppose que, loin d’être simplement un argument électoral de l’élite politique, en mal d’idées, le fait ethnique est en réalité largement partagé par la société dans la vie quotidienne, marquant la mentalité collective. Ceci explique que dans la population, des voisins d’hier qui ont toujours vécu dans une certaine harmonie sociale, peuvent basculer dans une folie meurtrière simplement mue par la haine tribale.