Déclaration finale de la Ligue Panafricaine du Congo-UMOJA, suite aux premières Universités tenues à Paris les 07 et 08 avril 2012. Le samedi 7 et le dimanche 8 avril 2012, se sont tenus à Paris (France) les premières Universités de la LPC-UMOJA. Dans ce cadre, les thématiques suivantes ont été abordées : Analyse générale ;
Déclaration finale de la Ligue Panafricaine du Congo-UMOJA, suite aux premières Universités tenues à Paris les 07 et 08 avril 2012.
Le samedi 7 et le dimanche 8 avril 2012, se sont tenus à Paris (France) les premières Universités de la LPC-UMOJA. Dans ce cadre, les thématiques suivantes ont été abordées :
- Analyse générale ;
- Les questions d’éducation ;
- Les dettes odieuses et illégitimes ;
- La sortie du franc CFA ;
- Les questions d’actualité africaine.
Sur les questions d’analyse générale
La LPC-UMOJA interpelle les Africains sur le fait que les élections et la prise de pouvoir ne sont pas une fin en soi. Le plus important n’est pas d’arriver aux affaires et de se répartir les postes, mais d’avoir à cœur le bien-être des populations africaines et, pour la LPC-UMOJA, ce bien-être passe par la mise en pratique d’un programme panafricaniste. Il s’agit d’être le plus possible fidèle aux idéaux des précurseurs du panafricanisme et de la construction d’un État supranational africain.
La LPC-UMOJA affirme qu’elle se doit d’être en permanence aux côtés des populations africaines et réaffirme son soutien à toutes les forces panafricaines dans leurs luttes quotidiennes.
La LPC-UMOJA se tient au-dessus des querelles de chapelle qui divisent et font tant de mal à la grande famille panafricaine. Peu importe le leader historique dont un mouvement de lutte, panafricain, peut se réclamer, il s’agit de lutter ensemble pour un mieux-être des populations africaines, où qu’elles soient. La LPC-UMOJA a à cœur de réunir les panafricains autour de projets fédérateurs et ne laissera jamais la place à la moindre faille de courants ou autres écoles de pensées.
La LPC-UMOJA rappelle que les précurseurs du panafricanisme sont Caribéens. Ils avaient très tôt pris à bras-le-corps les problèmes subis par les Africains. Aussi, le fait d’être en dehors du continent (pour certains membres de la LPC-UMOJA) n’implique pas du tout que l’on en soit déconnecté.
La LPC-UMOJA, concernant le tribalisme, estime que ce sujet, un véritable cancer qui touche nombre de pays africains, doit être évoqué sans le moindre tabou et éradiquer de la façon la plus vigoureuse qui soit.
La LPC-UMOJA pense que tout ce que nous envisageons passe par l’éducation. La scolarisation est le moyen le plus performant de l’enseignement. Un taux d’échec, hélas trop important, est constaté au Congo, dans le système scolaire, dû à des phénomènes que nous ne connaissons que trop bien : enseignement de médiocre qualité, manque d’enseignements et déficits d’enseignants de qualité etc. Outre ces tares évoquées, il faut une gestion saine des budgets de l’éducation.
La LPC-UMOJA pense qu’il ne suffira pas à terme de construire des écoles partout avec beaucoup d’enseignants pour que ces problèmes soient résolus. Il faut impérativement un contenu panafricain des programmes scolaires afin de former des citoyens qui serviront l’Afrique demain. L’enseignement des langues africaines, en langues africaines, fait partie de ce contenu à réviser et à revisiter urgemment. De même que l’histoire qui ne doit pas être une simple litanie de dates, mais aussi l’enseignement de la marche de l’histoire avec des liens organiques avec notre environnement. Certes, l’enseignement en cours a fait table rase de nos acquis, mais la LPC-UMOJA rappelle qu’il y a déjà une base de travail (cf. les travaux de l’UNESCO et des experts en RDC notamment, en 2004) et qu’il ne reste plus que la mise en pratique et une certaine adaptation. Les programmes scolaires doivent être concrets. Une commission sur l’éducation doit être mise en place afin de faire le bilan, de faire des préconisations et d’assurer le suivi pour éviter les déperditions auxquelles nous sommes coutumiers.
Concernant les dettes odieuses et illégitimes
Les pays africains croulent sous des dettes odieuses depuis des décennies avec les conséquences fâcheuses que l’on sait. Dettes contractées dans des conditions opaques, souvent par des gouvernements qui n’avaient jamais reçu mandat du peuple à ces fins. Aussi, la LPC-UMOJA exige de faire un audit de la dette, pays africain par pays africain.
La LPC-UMOJA rappelle que le droit international prévoit qu’en cas de catastrophe pouvant mettre en péril son existence, un État peut se passer de payer ses créanciers et se remettre d’abord en ordre de marche. Ce même droit international dit qu’un contrat dénoncer entraîne automatiquement sa suspension, le temps de le régler juridiquement. Ce sont là des armes que nous pouvons utiliser pour regarder avec minutie ce qui a été signé et éviter de retomber dans les mêmes travers.
Des privatisations ont eu lieu au Congo-Brazzaville sans que leurs conclusions aient été rendues publiques. Aussi, la LPC-UMOJA exige un audit de ces privatisations et aussi un audit des processus de privatisations.
Concernant les Institutions Financières Internationales (IFI), la LPC-UMOJA recommande très vivement que les négociations et renégociations des pays africains ne se déroulent plus entre un seul pays et les IFI, mais entre les IFI et des groupes de pays africains. Unis, nous pourrons mieux peser et mieux encore défendre les intérêts des masses africaines.
Concernant la sortie du franc CFA
La LPC-UMOJA rappelle que sortir de cette monnaie est un principe non négociable. Et, pour ce faire, nous devons prendre les opinions publiques africaines à témoin, les impliquer dans ce processus afin qu’elles comprennent qu’il en va de leur intérêt. Certes, la sortie d’un seul pays ou de plusieurs ne pourra être que difficile, mais il faudra le faire et pour cela, la LPC-UMOJA rappelle que nos conquêtes (y compris celle-ci) ne pourront se faire que de façon graduelle.
Concernant les questions d’actualité
Quatre questions d’actualité ont été abordées au cours des Universités de la LPC-UMOJA :
- Les « explosions » du 4 mars 2012 au Congo-Brazzaville ;
- Les élections présidentielles en RDC ;
- La situation explosive au Mali.
La LPC-UMOJA salue avec une chaleur inestimable la demande d’adhésion faite par la République Ayitienne à l’Union Africaine et salue encore plus vivement l’admission de ce pays frère au sein de la grande famille africaine politique. La LPC-UMOJA rappelle que l’indépendance conquise de haute lutte par les troupes de Dessalines face à l’armée française de Napoléon a donné naissance à la 1ère République noire au monde. Cet acte marque un nouveau pas, très important, dans la construction d’un État supranational africain.
Au-delà des diverses incantations qui ont suivi le putsch au Mali, la LPC-UMOJA, tout en le condamnant, se demande tout de même : comment un pays dit démocratique, avec un président sortant qui ne se représente pas (bien qu’il ait changé la Constitution, il n’a pas fait sauter le fameux verrou limitatif des mandats), comment un pays qui depuis 20 ans connaît des élections régulières et la plupart du temps apaisées, comment ce pays peut se retrouver avec une armée dont un capitaine s’empare du pouvoir, quasiment à la veille des élections ? La LPC-UMOJA s’insurge du fait que la CEDEAO, loin de se préoccuper de la rébellion qui n’a cessé de gagner du terrain dans le Nord (au point de faire sécession), se contente de la solution criminelle de décréter un embargo contre un pays très appauvri avec des populations au bord de l’explosion ! Bien qu’à ce jour, la CEDEAO et l’UA aient fait preuve de maladresses, la LPC-UMOJA leur demande vivement de se battre pour la restauration de l’intégrité territoriale du Mali et de mettre les autres problèmes sur la table ensuite. Cette crise est aussi la conséquence d’une absence totale et manifeste d’armée africaine, à même de défendre l’intégrité territoriale du continent. La LPC-UMOJA rappelle qu’Al-Qaeda s’est mis dans la danse. Comme en Somalie, comme au Nigeria. Et demain, où iront-ils ? Visiblement, la CEDEAO est impuissante face à tout cela et fait la politique de l’autruche. Un sursaut panafricain est vivement exigé de la part de la LPC-UMOJA, avant que ce fléau n’embrase tout le continent.
La République Démocratique du Congo vit dans une situation plus que tendue et très dommageable pour ses dizaines de millions d’habitants. Deux présidents disent avoir été élus et cela n’augure rien de bon pour la suite. La LPC-UMOJA recommande que les partis politiques et toutes les forces en présence en RDC s’assoient à une même table et balaient dans la sérénité la plus grande tous les contentieux qui les divisent. Entre Africains, si l’on est capable de discuter sereinement, on peut y arriver.
Au Congo- Brazzaville ; ce que le gouvernement congolais a appelé « Les explosions », survenues le dimanche 04 mars 2012 dernier a mis en évidence des éléments d’analyse très intéressants dans la gestion quotidienne du pays. Si, la LPC-UMOJA, d’une part, salue la promptitude avec laquelle le gouvernement a décidé de tendre la main à certains des sinistrés, elle s’étonne tout de même par ailleurs que suite aux drames qui ont secoué le pays en 1993, 1994, 1997, 1998 etc., rien de semblable n’a été fait avec la même ampleur. Au moins. L’on se souvient qu’après la terrible Guerre du 05 juin 1997, certains hommes politiques avaient été « dédommagés » (la LPC-UMOJA se demande pourquoi eux seulement et sur quelles bases) alors que l’essentiel des Congolais n’avait dû leur survie qu’à eux-mêmes.
Aussi, la LPC-UMOJA exige que toutes les victimes congolaises soient non seulement recensées, mais qu’en plus, chacune d’elles connaisse réparations, à la hauteur des préjudices subis. Il y a eu des morts, des maisons détruites, des maisons pillées. Les choses ne peuvent rester en l’état.
La LPC-UMOJA rappelle que la justice est impersonnelle et donc le droit doit être dit pour tout le monde. Sans la moindre exception. La LPC-UMOJA, dans sa conception totalement panafricaine des choses rappelle qu’un Africain ne peut valoir plus qu’un autre. Bien entendu, cela s’applique aussi aux Congolais. Personne ne devrait avoir plus de droits qu’un autre.
Pour finir, la LPC-UMOJA s’étonne d’apprendre par la presse que des officiers supérieurs auraient été arrêtés à Brazzaville et, à ce jour, le gouvernement n’apporte aucun élément à ce sujet. Ni démenti, ni confirmation. Cela rappelle affreusement les situations connues en 1965 après le triple assassinat de Pouabou, Matsocota et Massouémé. De même qu’au lendemain de l’assassinat du président Marien Ngouabi en 1977. Ces méthodes du passé que l’on croyait révolu, referaient-elles surface ? La LPC-UMOJA attend des explications de la part des dirigeants congolais.
Fait à Paris, le 08 avril 2012