Guerre en République Démocratique du Congo : enfin une prise de conscience ?

Guerre en République Démocratique du Congo : enfin une prise de conscience ?

Communiqué de la Ligue Panafricaine – UMOJA Bureau Politique Provisoire Le 29 avril 1997, l’ambassadeur étatsunien à l’ONU, Bill Richardson rencontre le président du Zaïre, le maréchal Mobutu. Il lui fait clairement comprendre que, s’il ne démissionne pas… Les plus avertis avaient compris que c’en était fini du pouvoir de l’homme à la toque de

Communiqué de la Ligue Panafricaine – UMOJA
Bureau Politique Provisoire

Le 29 avril 1997, l’ambassadeur étatsunien à l’ONU, Bill Richardson rencontre le président du Zaïre, le maréchal Mobutu. Il lui fait clairement comprendre que, s’il ne démissionne pas… Les plus avertis avaient compris que c’en était fini du pouvoir de l’homme à la toque de léopard, d’autant qu’à l’Est du pays, la rébellion avançait à grands pas sans réelle résistance de la part de l’armée zaïroise, en dépérissement depuis des années et toujours en attente d’une renaissance à la hauteur des enjeux sécuritaires de la sous-région et du continent.

Laurent-Désiré Kabila, le tombeur et successeur de Mobutu dirige le Zaïre qu’il rebaptise République Démocratique du Congo dès sa prise de pouvoir. Ses alliés rwandais et ougandais qui hier, l’avaient aidé à chasser Mobutu lui font la guerre car ils estiment ne pas avoir été assez payés suite au pacte passé. Il sera assassiné au sein même du palais présidentiel, le 16 janvier 2001.

Par un détour assez étrange, son fils, Joseph Kabila Kabange devient président de la RDC et reste au pouvoir jusqu’en janvier 2019, date à laquelle lui succède Félix Tshisekedi qui depuis janvier 2024 a débuté un nouveau bail à la tête du pays. Et depuis tout ce temps :

Les balles continuent de siffler dans l’Est de la RDC : jusqu’à quand ?

On continue à y dénombrer morts et cadavres : combien exactement ?

Les filles et les femmes se font continuellement violer : jusqu’à quand ?

Les populations qui le peuvent ne cessent de se déplacer : jusqu’où ?

Le sous-sol est toujours pillé sans aucun bénéfice pour les populations : jusqu’à quand ?

L’ONU crée en 1999 la MONUC (Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo) pour maintenir la paix dans ce pays. Pour cela, il aura fallu trois (03) résolutions de son Conseil de sécurité et qui donneront par la suite lieu à cinquante (50) résolutions jusqu’en 2008 pour que cette « force » soit « effective » au bout de dix ans ! Les résultats seront tellement extraordinaires que de la MONUC, ils passeront à la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo) le 01 juillet 2010.

Le tableau ci-après nous en dit plus sur cette « force » :

Pays contributeurs60
Observateurs militaires462
Troupe19 461
Policiers1 090
Civils locaux2 725
Civiles internationaux937 dont 462 volontaires onusiens
Pertes93 morts
Budget1 398 475 300 $

Du temps de cette MONUC, les viols des filles et des femmes par leurs soldats étaient tellement légion que les populations avaient fini par la surnommer MONIQUE. Un jeu de mots qui n’appelle aucune exégèse, tant l’allusion est limpide…

Le 23 septembre 2017, à la tribune des Nations Unies, Joseph Kabila s’était exprimé sans ambages : Il est clair que près de vingt ans après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni d’y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons des faiblesses constatées. Pour rester poli, on dira que cette demande demeura lettre morte… Et le 25 septembre de l’an suivant, il se montrera légèrement plus dur : Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes dans mon pays et en raison de leurs résultats largement mitigés au plan opérationnel, mon gouvernement réitère son exigence du début effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale.

A un moment donné, on se demande si la RDC est vraiment un pays « indépendant » ?

Comment un chef d’Etat peut-il demander qu’une « force » internationale quitte son pays et que, près de six ans après, non seulement cette « force » est toujours en place, bien que son « retrait » soit programmé, mais pis, cette guerre persiste devant une incapacité notoire de cette ONU de faire quoi que ce soit qui aille dans le sens de la paix ? Comment comprendre que les gouvernements (national et provincial) semblent s’en accommoder alors que ce sont tout de même des vies humaines qui sont en jeu ?

Le plus désolant est l’attitude de l’Union Africaine (UA) qui dans ses organes dispose d’un Conseil paix et sécurité (CPS) dont tous les Africains sont en droit de se demander l’utilité, si ce n’est à entretenir une illusion de puissance. Pourquoi cette organisation « continentale » a-t-elle délégué durant toutes ces années la guerre dans l’Est de la RDC à l’ONU alors qu’il est de notoriété publique que l’ONU n’a jamais été capable, de Haïti au Liban en passant par la République Centrafricaine, d’amener la paix ou de n’être autre chose que « l’instrument des grandes puissances », comme le soulignait déjà Frantz Fanon après l’assassinat de Lumumba en janvier 1961 ?

Rappelons tout de même que l’ONU avait mis en 2000 la RDC sous embargo concernant l’achat des armes de guerre. Cet embargo n’a été retiré que le mardi 20 décembre 2022 ! Comment ce pays aurait pu, même avec la meilleure volonté du monde, lutter tout ce temps contre autant d’adversaires et d’ennemis convoitant ses ressources ? Finalement, que veulent les dirigeants de la RDC ? Qu’attendent-ils de la « communauté internationale » ? Il faut peut-être paraphraser le professeur Théophile Obenga qui dit Que faut-il encore faire aux Nègres pour qu’ils ouvrent enfin les yeux ?

La guerre dans l’Est du Congo n’aurait pas lieu si le sous-sol de cette région n’était point gorgé de minerais les plus précieux (cobalt, coltan…) dont l’industrie occidentale et asiatique a crucialement besoin pour sa survie. Le prix du pillage est la réduction des populations en esclavage moderne, les crimes environnementaux et la source d’un conflit particulièrement meurtrier. Cette guerre a des acteurs qui sont connus de très longue date : milices et paramilitaires pour ensanglanter le sol, mercenaires et multinationales pour piller le sous-sol, et régimes africains soutenus par certaines puissances occidentales qui siègent tout là-haut, au fameux Conseil de sécurité des Nations Unies.

Mettre fin à la guerre dans l’Est de la RDC passe par refonder l’architecture de sécurité du continent africain autour d’une armée panafricaine !

La récente actualité nous donne peut-être un mince filet d’espoir de voir la fin des massacres. En effet, l’organisation sous-régionale SADC (Southern African Development Community) s’est enfin décidée à déployer des troupes à l’Est de la RDC, au grand dam du Rwanda qui s’y oppose farouchement. Depuis le temps que des ONG indexent le Rwanda pour son implication dans cette guerre à travers le M23, et que les autorités de Kigali continuent de nier toute accusation, l’opposition à l’établissement de cette force ressemble à un aveu.

Et comme si cela ne suffisait pas, l’Occident se met à dénoncer la responsabilité du Rwanda : un comble quand on sait que depuis que le Rwanda est devenu le premier et troisième exportateur mondial de coltan et de tantale sans en posséder une seule mine sur son territoire, ce même Occident en est tout de même l’acheteur, pour le plus grand bien de son industrie de pointe. Et donc de cette économie que l’Afrique ne cesse d’admirer, toute béate…

Depuis sa création en 2010, la Ligue Panafricaine – UMOJA demeure constante dans sa détermination de voir s’établir un jour un Etat fédéral qui seul permettra aux peuples africains de vivre dans la paix, la sécurité et la justice.

Aussi, la LP-U appelle toutes les forces et organisations africaines progressistes à s’engager pour mettre fin au conflit fratricide aux origines impérialistes et aux ramifications locales qui sévit depuis trop longtemps dans l’Est du Congo. La solution sera panafricaine ou ne le sera pas.

L’Afrique ne sera pas libre tant que le sang coulera au Congo !

Le Congo ne sera pas libre tant que l’Afrique ne s’unira pas !

Umoja ni Nguvu ! L’Union fait la Force !

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