Le Congo-Brazzaville et les restes de De Brazza : un débat surréaliste !!!

Le Congo-Brazzaville et les restes de De Brazza : un débat surréaliste !!!   Chose inédite dans le monde moderne, les Congolais, par la voix de leurs gouvernants, avaient donc décidé de consacrer 10 milliards de francs CFA pour la gloire d’un colon. Face à ce qui est un scandale sans précédent, les concepteurs et réalisateurs de ce

Le Congo-Brazzaville et les restes de De Brazza : un débat surréaliste !!!

 

Pierre Savorgnan De Brazza

Pierre Savorgnan De Brazza

Chose inédite dans le monde moderne, les Congolais, par la voix de leurs gouvernants, avaient donc décidé de consacrer 10 milliards de francs CFA pour la gloire d’un colon. Face à ce qui est un scandale sans précédent, les concepteurs et réalisateurs de ce funeste projet s’étaient permis de dire que cela entrait dans le cadre de « réappropriation de notre histoire ». C’est désormais officiel depuis 2006, la réappropriation de l’histoire du Congo passe par la glorification des colons.

Sept ans après, voilà que des descendants du colon De Brazza, au nombre de quinze, ont décidé d’attaquer l’État congolais, provoquant sans doute de grandes vagues d’hilarité auprès de celles et ceux qui s’intéressent à ce scandale.

Selon ces descendants, le Congo-Brazzaville se serait engagé auprès d’eux à entreprendre des projets (15 au total) au Congo, en échange donc des restes de leur aïeul. On ne peut s’empêcher de rire de nos malheurs en apprenant des énormités pareilles. Comment le devenir, le bien-être des Africains, peut être dicté par des descendants de colons qui d’un seul coup apparaissent aux yeux de naïfs comme des bienfaiteurs, des humanistes et que savons-nous encore. On sortirait d’une autre planète, après avoir brièvement appris des choses sur la colonisation française au Congo, on pourrait même être tenté de croire que ce groupe de 15 veut, voudrait « réparer » les fautes et autres crimes dont leur aïeul s’est rendu coupable, en compagnie des hommes qui l’avaient accompagné lors de son expédition (Albert Dolisie, Jean-Noël Savelli par exemple).

L’occasion nous est encore donnée pour dire très fortement puisqu’il le faut sans cesse que la colonisation n’a jamais été un immense camp de vacances et de joie de vivre où colons et colonisés vivaient en harmonie, se partageant fruits et autres gibiers. Non, non et encore non. La colonisation n’a fait que succéder au trafic négrier et, à bien des aspects, elle était sa fille. Nos ancêtres qui ont connu le portage, le travail forcé et toutes autres sortes d’humiliation ne valaient pas vraiment mieux que ceux et celles qui s’étaient retrouvés dans les cales des navires, déportés des côtes de notre continent pour l’Amérique (pour les uns) et pour le monde arabe (pour les autres). Ceci d’une part, afin que certains d’entre nous n’ayons aucune illusion face à ces cirques grand public où les billets semblent gratuits et où chacun, descendants de colons et descendants de colonisés, se font souvent les complices de ce système féroce, horrible et extrêmement avilissant.

D’autre part, quand on apprend que suite à la condamnation de l’État congolais, par la justice française à rendre aux descendants de De Brazza les restes de leur ancêtre, on ne sait plus s’il faut en rire ou pleurer du ridicule dans lequel le Congo-Brazzaville enfonce les Congolais en particulier et les Africains en général. Chaque semaine qui passe, avec les décisions ubuesques qui sont prises dans certaines de nos capitales, les Africains se disent que bornes et limites du tolérable et de l’indécence ont tellement été franchies qu’on ne peut faire pire. Et pourtant…

Et pourtant, quand on apprend que pour répondre à cette décision de justice, l’État congolais accuse une fin de non-recevoir et s’accroche à ces restes comme s’il s’agissait du Saint-Graal et de la source de la vie éternelle réunis, on se dit que non, vraiment non, il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer.

Sur cette planète où vivent sept milliards d’humains, il y a un nombre incroyable de peuples qui ont été colonisés. Comment peut-on expliquer que l’État congolais soit le seul au monde, délibérément, sans la moindre arme pointée dans le dos ni sur la tempe, à non seulement faire l’éloge d’un colon, mais de plus – sacrilège suprême – à en faire venir les restes et à s’y accrocher !!!

On eût espéré un léger sursaut d’orgueil de la part de nos compatriotes africains par des gestes simples. Le premier aurait consisté à restituer illico presto ces fameux restes. Le second aurait consisté à rebaptiser ce mausolée en mausolée de l’Unité africaine par exemple où des héros africains, des ancêtres de chez nous, qui ont donné leurs vies pour que nous vivions, soient enfin honorés, en lieu et place d’un bandit qui nous a amené une partie de cette cohorte de malheurs qui ne cessent de nous accabler, depuis plus de 133 ans après le début officiel de la colonisation et plusieurs siècles après le début du trafic négrier.

Non content de trouver de l’argent pour amener sur le continent les restes de cet homme, non content de trouver des milliards pour lui dresser un mausolée, pendant que rien ou pas grand-chose ne marche au niveau de la Santé, de l’École, de la distribution de l’Eau et de l’Électricité, le gouvernement congolais trouve quand même de l’argent pour faire appel de la décision de justice française.

Les Africains sont légitimement en droit de se demander ce qui motive les autorités congolaises dans une telle entreprise qui ne peut que paraître macabre. Comment et pourquoi, sur quelles bases, en vertu de quoi s’accrocher à ces restes d’un homme, de la sorte ?

Si les quelques arguments que nous avons présentés plus haut ne parlent vraiment pas à nos gouvernants, peut-on leur dire simplement que, de par nos traditions, en vertu du respect dû aux morts (quoi qu’ils aient fait), leurs dépouilles sont sacrées et reviennent de droit à leurs familles biologiques, sauf vraiment intérêt supérieur de l’État congolais ou de la nation africaine. Or, nous ne retrouvons dans aucun de ces cas de figure : De Brazza était un agent de l’impérialisme occidental, il était un Français, d’origine italienne. Nos autorités ne peuvent pas nous arguer que ce fut un « fils du pays » selon la formule consacrée.

Que la sagesse et la sérénité regagnent nos autorités.

Que les restes de cet homme soient rendus le plus rapidement possible à sa famille.

Les Africains ont un continent à reconstruire et nous ne pouvons nous permettre de dépenser de l’énergie et de l’argent avec des sujets d’une telle futilité où notre fierté et notre orgueil sont sérieusement mis à mal.

Obambé GAKOSSO.

 

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