Après Irma, la lutte pour la souveraineté continue

Après Irma, la lutte pour la souveraineté continue

La Ligue Panafricaine – UMOJA exprime sa solidarité avec les populations sœurs de la Caraïbe qui ont été impactées par les cyclones Irma et José. La LP – UMOJA est consciente du caractère exceptionnel des intempéries survenues ces derniers jours dans les îles de la Caraïbe, notamment à Saint-Martin, et nous invitons chaque personne se

La Ligue Panafricaine – UMOJA exprime sa solidarité avec les populations sœurs de la Caraïbe qui ont été impactées par les cyclones Irma et José. La LP – UMOJA est consciente du caractère exceptionnel des intempéries survenues ces derniers jours dans les îles de la Caraïbe, notamment à Saint-Martin, et nous invitons chaque personne se sentant concernée par cette catastrophe à faire preuve du même élan d’empathie et de solidarité quand d’autres pays moins médiatisés comme la Sierra Leone subissent également des intempéries meurtrières.

Outre que les victimes sont encore classées selon leur nationalité ou leur couleur de peau, le traitement de ces drames occasionne un fort décalage entre les informations données par les médias officiels et la colère des populations et de ceux en attente de nouvelles de leurs proches. De nombreux scandales ont fait surface sur des territoires qui, longtemps restés immergés dans le « paradis » de l’inconscient colonial et racial, découvrent de plein fouet et dans des circonstances tragiques, la réalité de leur dénuement économique et politique.

La Ligue Panafricaine – UMOJA note que de nombreux témoignages ont pointé les défaillances des autorités préfectorales saint-martinoises qui appliquent visiblement les ordres venus de Paris plutôt que de s’appuyer sur la réalité du terrain et l’expérience première des populations. Les personnes disposant des pouvoirs régaliens dans les « Départements et Régions d’Outre-Mer », ainsi que leur hiérarchie à Paris, ont depuis trop longtemps, affiché leur désintérêt pour les populations qu’ils administrent comme au temps des colonies, et leur volonté d’en faire des laboratoires d’ajustement budgétaire, sanitaire et scientifique.

Rappelant que les services de la base spatiale de Kourou en Guyane ont les moyens de calculer, à l’hectopascal près, la pression atmosphérique et l’humidité d’une masse nuageuse en mouvement, la LP – UMOJA s’interroge sur l’utilisation des données météorologiques par les services de l’Etat au profit de la technologie plutôt que de l’humain et de l’équilibre naturel. Comme disait déjà Thomas Sankara il y a trente ans, qu’est-ce qui ne nous dit pas que ces engins spatiaux perturbent l’équilibre de l’environnement ? Quelles sont les responsabilités de toutes ces « catastrophes naturelles » ?

La Ligue Panafricaine – UMOJA souligne que la sécurité d’une population par rapport à toute forme de menace nécessite une dose de souveraineté réelle et de solidarité effective. Or, la citoyenneté française des ressortissants originaires des territoires administrativement connus sous le nom de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Nouvelle-Calédonie et Réunion ne semble pas leur donner la moindre part de souveraineté réelle autre que le passeport, le vote et le drapeau. Certes, c’est toujours cela, mais l’assimilation des habitants de ces territoires à la République ne leur donne en réalité aucune indépendance effective.

La France, si elle ne fut que l’une des principales puissances esclavagistes, se démarque nettement des autres par le fait que l’esclavage aboli en 1794 sous la pression de l’insurrection des Africains de Saint-Domingue, fut rétabli en 1802 par Napoléon dans l’objectif de reprendre le contrôle de la colonie la plus riche du monde. La résistance africaine a accompli sa mission historique et le 1er janvier 1804, la République Noire d’Haïti arrachait son indépendance tout en faisant l’objet d’un racket financier de l’ancien colon dont les conséquences sont pour Haïti l’équivalent de plusieurs Irma.

En 1848, la France de la Seconde République abolit l’esclavage tout en indemnisant en argent et en terres les anciens esclavagistes dont les descendants, les békés, font encore la loi, et en accélérant le projet colonial pour créer une nouvelle forme d’esclavage à domicile cette fois-ci sur le sol africain. Depuis, les autorités sur ces territoires ont régulièrement rejeté et réprimé par tous les moyens possibles – y compris les plus folkloriques – toutes les valeurs, traditions et formes d’organisation qui relèvent de l’héritage africain, par crainte de voir advenir une véritable libération des peuples.

La Ligue Panafricaine – UMOJA rappelle que la décolonisation des territoires précités a toujours été inscrite à l’agenda historique du panafricanisme, et ce depuis les premières luttes menées par les populations déportées d’Afrique, engagement réitéré lors de tous les congrès panafricains. Le soutien de la LP – UMOJA est total envers les mouvements politiques, sociaux et culturels caribéens, kanaky et réunionnais qui luttent pour une meilleure formation et promotion professionnelle pour la jeunesse, la liberté d’expression, le respect de leurs droits syndicaux et la défense et la sauvegarde de leur culture.

La Ligue Panafricaine – UMOJA soutient les mouvements indépendantistes et travaillistes qui sont au premier rang des luttes. La répression à l’égard de ces mouvements, notamment du LKP et des organisations syndicales et paysannes caribéennes, doit être comprise comme un chapitre de la répression à l’encontre des forces panafricanistes.

La Ligue Panafricaine – UMOJA considère, dans la pure tradition de résistance du panafricanisme, que les peuples ne renoncent jamais à la liberté sans qu’on leur impose la contrainte ou l’illusion. Plus le temps passe, plus l’illusion disparaît sous la contrainte. Ainsi, la LP – UMOJA rejette fermement les discours de groupes ou d’individus qui, au nom de l’illusion d’une mise à  niveau économique et sociale des territoires caribéens avec le reste de la France, encouragent la mise en place par l’Etat Français de mesures discriminatoires et policières envers les Haïtiens et autres populations demandant asile et protection dans la Caraïbe.

Terre de naissance de l’ouragan panafricaniste, Haïti a apporté une contribution décisive à la libération des colonies espagnoles sud-américaines par Simon Bolivar. En cela, les projets d’indépendance inscrits dans le bolivarisme et le panafricanisme suscitent un mépris égal de la part des autorités politiques et médiatiques françaises qui voient dans cette alliance afro-bolivarienne celle des damnés de la terre.

La Ligue Panafricaine – UMOJA entend concevoir avec les peuples en lutte d’Afrique, d’Amérique du Sud, de la Caraïbe, de l’Océan Indien et Pacifique, de nouveaux rapports politiques, juridiques, économiques, écologiques et sociaux, répondant en priorité aux besoins des populations pour une société radicalement décolonisée, profondément améliorée. Nous invitons toutes les forces se reconnaissant dans cet appel à travailler à l’unité. L’histoire, au-delà de toute tragédie, unit nos luttes.

 

Umoja ni Nguvu ! L’Union fait la Force ! La Unión es la Fuerza !

 

Pour le Bureau Politique Provisoire

Le Président, Diogène Henda Senny

 

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