« UMOJA AFRO KIDS DAY » – SAMEDI 24 SEPTEMBRE

« UMOJA AFRO KIDS DAY » – SAMEDI 24 SEPTEMBRE

«SE CONTER POUR SE CONSIDERER » avec Binda Ngazolo, conteur Il était une fois un conteur, qui contait, qui contait, qui contait. 1, 2, 3 ; l’histoire raconte celle d’un panafricain engagé avec les mots, 4, 5, 6 ; un Africain du Cameroun qui déplore que le conte se soit retrouvé le bec dans l’eau ; 7, 8, 9 ;

«SE CONTER POUR SE CONSIDERER »

avec Binda Ngazolo, conteur

Il était une fois un conteur, qui contait, qui contait, qui contait. 1, 2, 3 ; l’histoire raconte celle d’un panafricain engagé avec les mots, 4, 5, 6 ; un Africain du Cameroun qui déplore que le conte se soit retrouvé le bec dans l’eau ; 7, 8, 9 ; son nom de scène comme à la ville est Binda Ngazolo. Ses 50 années de scène, voire plus si on prend en compte qu’il contait déjà étant petit, ayant appris par ses mamans « à conter comme on apprend à marcher », n’ont pas changé au fil du temps son diagnostic de la situation déplorable du conte : Binda Ngazolo déplore la transmission des contes de certains parents africains à leurs enfants. En Europe, « le conte est à la périphérie des spectacles vivants (théâtre, danse, humour…), le conte est relativement déconsidéré »,  et, par le fait mimétique colonial, le conte est relativement déconsidéré en Afrique également. « A partir du moment où les Africains ont perdu le fil de leur récit, et cela court depuis quelques siècles déjà, les Africains ont été littéralement formatés. Ils sont devenus dépositaires des récits des autres. Dès lors, il ne restait plus beaucoup de place en nous, pour nous-mêmes ».

« Le groupe dominé, colonisé, intègre l’idée du complexe d’infériorité et donc la déconsidération de tout ce qui vient de lui. » Les dégâts sont profonds : « Sous l’esclavagisme, pas le droit de lire. Un « bien meuble » n’a pas d’histoire : les meubles ne se racontent pas. Sous la colonisation, nous pouvions difficilement aller plus loin que le cycle primaire. Nous étions formés pour des tâches subalternes et il nous était interdit de parler nos langues au sein de l’établissement. Nous revenons de très loin. Au moment des Indépendances, les colons, sous la pression, préparent leur relève avec quelques Africains « évolués », ceux destinés à travailler pour les colons, (défendre les intérêts coloniaux). Et ces derniers reproduisent, par leur formatage, les mêmes schémas d’aliénation, de l’auto-dénigrement et de l’auto-déconsidération de soi : « Je vis chez moi comme un Blanc » était devenu l’expression usitée par ce formatage. Littéralement, « je suis de la classe du Blanc » ». Les imaginaires des Africains ont été contaminés par ce virus ? « Les seuls imaginaires que l’on considèrent chez nous, sont devenus les imaginaires du Blanc. Le conte étant déjà à la périphérie de ce qui est déconsidéré (par le Blanc) en Europe, par mimétisme colonial le conte subira le même sort en Afrique. Arrivant ici en Europe, certains Africains reproduisent cette forme d’aliénation, en estimant inutile pour eux de transmettre à leur descendance les récits hérités de nos ancêtres au mépris de nos propres imaginaires ».  

« Il en va ainsi des humanités qui subissent une domination culturelle » poursuit-il en invoquant Cheick Anta Diop : « le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance, est devenu partie intégrante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements ». Mais Binda Ngazolo résiste. Binda Ngazolo combat. Binda Ngazolo transmet. Et il le faut. 9, 8, 7 ; comme le répète le conteur : « chacun de nous est porteur de son récit. C’est le récit qui fait. C’est le récit qui défait. » 6, 5, 4 ; et ce samedi 24 septembre 2022 à Paris-Bagnolet, à l’occasion de la Journée des Enfants Afrodescendants – UMOJA Afro Kids Day, c’est ce qu’il propose de faire lors de l’atelier Conte qu’il animera : re-conter nos récits, raconter notre récit.3, 2, 1 ;« Tout passe par le récit. Rien n’échappe au récit. Même pas le silence ».

Shaman dolpi, journaliste.

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